samedi 26 juin 2010

"Responsable mais pas coupable"

Fin juin approchant, j'avais rendez-vous hier avec Danièle la maîtresse pour faire le point sur cette 1ère année de maternelle.
Et du coup j'ai aussi et sans le savoir pris rendez-vous avec beaucoup de douceur mais aussi de regrets et de culpabilité.
Elle m'a encore redit combien ce petit garçon, le plus jeune de sa classe puisque né fin août, menait sa barque là bas et l'épatait.
Pour de multiples raisons; sa maîtrise du langage, sa curiosité pour les mots, collectionnés tels des perles qu'il ne se lasse pas de réutiliser, mais aussi pour les plats de la cantine savourés sans goinfrerie, alors que tant d'enfants ont des problèmes avec la nourriture, son absence d'agressivité envers ses camarades mais son opiniâtreté à préserver bec et ongles ce qu'il estime être à lui ou lui être dû (comme par exemple la place juste à coté de la maîtresse lorsqu'elle lit des histoires ;-)...
L'émotion m'a gagnée à redécouvrir mon aîné mais encore petit bonhomme dans les mots de cette femme, loin de nous, avec sa vie d'écolier, si différent de l'"animal" qui nous fait tourner en bourrique le soir alors que nous sommes crevés par nos journées respectives et les nuits perturbées qui les ont précédées.
Quand elle a ajouté après des compliments sur son savoir être que les chiens ne font pas des chats, et que j'ai senti le compliment éducatif derrière la remarque, mon dos fourbu s'est redressé, un sourire intérieur a progressivement effacé les tensions, et mon regard s'est posé sur son dos à lui, qui faisait mine de lire dans un petit coin mais ne perdait pas une miette de notre échange.
C'est si rare somme toute de recevoir de telles paroles & du réconfort en tant que parent non ?

Je l'ai embrassé ce matin-là avec une tendresse accrue puis laissé à sa journée scolaire.
J'ai respiré profondément pour éviter de faire face à la petite boule qui grossissait dans ma gorge. Elle m'a rattrapée au moment où je me suis assise dans la voiture.
Et pourquoi tous ces cris, ces tempêtes, ces nerfs qui lâchent régulièrement de ma part ?
D'un coté nous le prenons beaucoup trop souvent pour plus mature qu'il ne l'est, et avons des exigences démesurées pour un petit bout de cet âge.
De l'autre il n'a pas encore 4 ans, a démarré l'école maternelle, à 27 enfants par classe dont pas un seul n'était issu de sa crèche, déménagé, vu sa mère enceinte et dû partager ses parents crevés (voire malades) et peu disponibles avec un nouveau venu bruyant et chronophage (même si trop meugnon...).
On serait chamboulé à moins...

Du coup j'ai mesuré avec empathie combien le chemin de cette année a pu être long et délicat, à bien des égards pour mon petit garçon. J'ai éprouvé de la fierté à constater comme il s'en est bien "sorti" mais aussi une tristesse et de gros regrets pour beaucoup des emportements que j'ai pu avoir envers lui, figée/glacée par mes certitudes éducatives parfois proches de la rigidité.
A décharge; qu'il est dur de devenir parent ! de se se désengager de ses propres souffrances d'ex-enfant pour investir le job avec souplesse et intelligence du coeur !

De ces sentiments mêlés m'est venu la conclusion que puisque je le vois autrement, notament grâce à ce rendez-vous, je suis responsable de ce que je souhaite lui proposer pour cheminer avec qualité ensemble.
Et j'ai bien l'intention d'assouplir encore notre relation afin laisser plus de place à la vie et de l'enrichir afin que jamais nous n'arrivions à ces relations parents/enfants vides, stériles et sans avenir.
Alors va pour plus de douceur, une plus grande dose de second degré, et certainement encore beaucoup de progrès à faire sur le sujet de la patience du recul et de l'humour....

1 commentaire:

  1. Très beau Delphine.
    Tes mots me touchent beaucoup.
    On essaie de se voir une fois la famille partie?
    (la mienne, je veux dire: maman et cie..).
    Je vous embrasse

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