dimanche 26 septembre 2010

Séparations

Après l'appartement vendu, la voiture changée, le lit, le lave linge et la bouilloire remplacés, force est de constater qu'un vent de renouveau matériel souffle avec constance dans notre vie...

Hier matin c'est notre canapé lit futon qui a pris la poudre d'escampette pour une colocation d'étudiants en mal de confort...

Et bien figurez-vous que ma sensibilité extrême me pousse à confesser que la séparation d'avec ces objets inanimés est loin de me laisser indifférente. Elle me remue l'âme & active les souvenirs. Des condensés de vie "popent" à mon cerveau disponible.
Véridique.

Quand la 306 est partie la semaine dernière vivre une autre vie, tout un pan de nos escapades m'est alors revenu en mémoire: virées parisiennes & rémoises, trajets A/R travail/maison juste pour le plaisir de déjeuner en couple, WE de rando, de ski, de baignades à la mer, Espagne, Toscane, et même Croatie....
Un sacré véhicule, un support d'évasion, d'aventures et de découverte.

Pour le canapé-lit futon ce sont les grasses matinées d'un couple sans enfant... Ces périodes bénies, ce sommeil lourd, l'abandon musculaire profond, total, cet oubli, ce relâchement... et les câlins passionnés, et les lectures jusqu'à pas d'heure sans souci du lendemain, et les marchés du dimanche matins loupés pour reveil extrêmement tardif...
Puis les mouvements de pivot pour extraction via l'accrochage du radiateur lors des deux grossesses...
Puis ce fameux matin d'avril où j'ai su au réveil que Bartholomé serait dans mes bras le soir même...

Le lave-linge et la bouilloire par contre rien...nada.

Faut croire que pour moi les souvenirs associés au matériel ne pulsent que par l'affect qui a pu s'y greffer...

Hier c'était l'anniversaire de ma chère grand-mère. Mes pas m'ont guidée vers la cuisine et je me suis retrouvée à penser à tout cet amour inconditionnel qu'elle m'a donné alors que mes mains astiquaient une théière en argent qui en avait bien besoin.
Cette théière, ma grand-mère me l'a offerte en me disant qu'elle la tenait de la sienne, celle qui l'amusait follement parceque ses petits pieds courraient sur les pédales de l'énorme piano sous lequel elle se cachait petite fille.

Du coup je repense à d'autres possessions, à tous ces coquillages dans mon placard et aux ballades en bord de mer. Je ne les regarde que de temps à autre. Parfois je les mets en scène sous un globe ou dans les compartiments d'une table basse. Impossible de m'en séparer, et pourtant ce ne sont que quelques morceaux de calcaire.

Et je me dis que j'ai dû passer le virus.

Joachim collectionne déjà les bâtons.
Grands.
et longs...

vendredi 17 septembre 2010

Mêle-moi de mes oignons

Souvent quand je me sens perturbée, le seul moyen de me retrouver c'est de prendre soin de ma maison et ranger/trier.

Tout, à fond.

Jusqu'à en avoir l'esprit libéré afin de pouvoir réfléchir à mon vrai problème.

Et bien j'ai diagnostiqué fin de semaine dernière entre 4 sacs plastiques et 3 cartons d'affaires de trop que j'ai récemment joliment raté le virage de la part des choses entre détachement maternel et abnégation parentale pour m'encastrer copieusement dans le platane affectif de l'angoisse de mal faire.
Une cata de plus à mon actif.

Plus j'avance, plus je réalise l'ampleur de la tâche à accomplir pour rester souple & aimable en toutes circonstances, plier mais ne pas rompre, choisir avec discernement, garder le fil et ne pas perdre de vue mes vrais besoins... Sentir et avancer.
Et baillonner ce Jimmy Cricket de malheur qui juge en permanence tout ce que je fais !

Alors depuis le début de la semaine je teste soir après soir des disciplines différentes, histoire de profiter du bon conseil de ma chère amie tarbaise qui dit "si tu sors pour faire du sport tu t'en sors".

Je continue donc mon antibio et cette cortisone de malheur qui te fait speeder et hurler sur tout ce qui bouge, mais je fais ça sur une base beaucoup plus saine: un gros tas de courbatures cerné par une enveloppe corporelle de plus en plus tonique, une peau flasque mais gorgée d'huile, des cheveux mal coupés mais nourris et un intérieur sale mais allégé.

Quand je vous dis que ma vie n'est que progression...

Pression


" - Comment on peut être vieux maman ?
- Ça se fait tout seul (snif)."
.....
" - Et quand on est mort après y a quoi comme animal ?
- Ben certains disent qu'on va au ciel et d'autres qu'on revient sur terre. Alors on trouve les animaux du ciel et ceux de la terre."

J'ai de plus en plus souvent l'impression que j'ai intérêt à avoir du temps de cerveau disponible z'et alerte moi...

mercredi 15 septembre 2010

J'aime les filles


Embouteillage de petits bolides sur le sol du salon ce matin.
J'ai sursauté de 5 cm assise que j'étais sur mon sofa buvant mon thé anglais au moment ou un minus de 4 ans à peine sonnés a éructé d'une voix lasse et tonitruante :
"ALLEZ, avance les gonzesses là !!!"

Moi qui croyais que les brunes comptent pas pour des prunes, j'ai du taf en retard.

Foutue école...


Mon oncle d'Amérique

L'aventurier de la famille c'est lui. Il est parti au delà des mers, il a coupé les ponts, il est au nouveau monde depuis aussi loin que je me souvienne.
De temps à autre il refait surface, lance quelques phrases d'un humour que je ne comprends pas et révèle dans un sourire quelque vérité issue de sa recherche personnelle aux membres de la famille en observant leurs réactions.
Ces dernières années, ses déplacements sur le vieux continent n'ont été impulsés que pour régler administrativement des histoires de famille et repartir plus riche qu'il n'était arrivé.

Il revient ces jours-ci. Il passe par Toulouse. Il m'a fait signe par mail pour se voir.

J'ai regardé ce que provoquait en moi la venue de cet homme que je n'ai pas vu depuis 10 ans auquel je suis relié par ce "lien familial" en jachère et je n'ai rien trouvé.
Rien justement, le vide, le néant. C'était très étrange. J'ai pu rencontrer le fond de cette affaire à une vitesse supersonique alors que mon énergie actuelle ne me permet que de me traîner.
Alors j'ai opté pour la poursuite de notre non-échange et signifié le plus poliment possible que je n'avais pas de désir actuellement pour partager un moment qui risquait fort d'être "creux".

Je suis très heureuse d'arriver aujourd'hui à écouter mes désirs sans crainte ni culpabilité, de cheminer au plus près de moi même et d'être vraie dans les aspects de ma vie. Je mesure le changement et pour rien au monde je ne veux continuer sur l'ancien chemin.
Même si je vieillis,
même si,
même si.

mardi 7 septembre 2010

Vite et bien

"There is more to life than increasing its speed".
Mahatma Gandhi.

C'est la fin d'une aventure de plusieurs mois, d'un corps à corps paisible, réinventé et heureux.
Malgré les pressions, malgré les questions, malgré les inquiétudes des autres, et non les nôtres, nous avons allaité à deux nos deux enfants. L'un après l'autre. De la même et étonnante façon. Avec la même et douce volonté, jour après jour, nuit après nuit.
A toi mon amour mon mari, à toi qui a partagé mes doutes initiaux, soutenu mes faiblesses de parcours et dénoué mes tensions finales pour que mon désir d'allaitement puisse être là, présent et aussi abouti, avec la forme que nous avons pu et voulu lui donner, je te remercie du fond du coeur.
Je n'aurais pu tenir si longtemps sans ton aide et ta compréhension.
Et tu as ainsi offert beaucoup plus que cela.

Car j'ai puisé dans ce geste millénaire et symbolique autant que j'ai donné.
Il a représenté l'essence du don originel qui suit celui de la vie, la survie, la poursuite, le début du grandissement de ces deux personnes issues de nous, qui nous lient et nous prolongent.

Et j'ai pu moi-même grandir aussi à travers lui, m'émanciper des rôles pré établis, trouver la mère que je souhaite être et qui finalement se trouve être très très différente de celles qui m'ont précédée.
J'y ai donc aussi trouvé mon unicité, ce qui me rend unique.
Une re-naissance en quelque sorte.
La boucle est bouclée, nous sommes la famille que nous avons voulue. Nos liens s'étoffent, au fil des jours de notre intimité à quatre. J'aime intensément cette partie de ma vie, remuante et transformatrice. Elle pulse, elle me porte, m'entraîne de découvertes en découvertes.
C'est le mouvement.
C'est intense et si fort.

Aujourd'hui le rivage où j'ai donné naissance s'éloigne, le petit bateau commence à naviguer loin de nous, le corps à corps s'estompe, Bartholomé grandit si vite !

C'est un arrêt forcé pour raisons médicales, et puisqu'il en est ainsi, je me laisse porter avec douceur après ma rébellion initiale. Ne pas lutter, vivre le moment présent, celui qui signe le passage pour moi, c'est la fin d'une aventure; les grossesses et les allaitements. Je réinvestis d'autres parties de moi que je ne savais pas gérer en même temps que ces moments là tant ils me prenaient de l'énergie.
Et c'est bon !
Comme de se retrouver après une longue absence.
Je savoure.
Doucement.
Ce soir j'ai mis des paillettes dans mon bain à bulles ! Je sors de cette période polie comme un galet. Mes aspérités s'estompent.
Je brille maintenant de mille feux.

Et puis à tous ces bébés aidés par le lactarium qui auront goûté à mon lait, au revoir aussi. Je pense souvent à vous, anonymes dont la vie est précieuse, et vous envoie ce soir mes voeux pour une très belle (et nourrissante ;) vie ici bas !