mardi 7 septembre 2010

Vite et bien

"There is more to life than increasing its speed".
Mahatma Gandhi.

C'est la fin d'une aventure de plusieurs mois, d'un corps à corps paisible, réinventé et heureux.
Malgré les pressions, malgré les questions, malgré les inquiétudes des autres, et non les nôtres, nous avons allaité à deux nos deux enfants. L'un après l'autre. De la même et étonnante façon. Avec la même et douce volonté, jour après jour, nuit après nuit.
A toi mon amour mon mari, à toi qui a partagé mes doutes initiaux, soutenu mes faiblesses de parcours et dénoué mes tensions finales pour que mon désir d'allaitement puisse être là, présent et aussi abouti, avec la forme que nous avons pu et voulu lui donner, je te remercie du fond du coeur.
Je n'aurais pu tenir si longtemps sans ton aide et ta compréhension.
Et tu as ainsi offert beaucoup plus que cela.

Car j'ai puisé dans ce geste millénaire et symbolique autant que j'ai donné.
Il a représenté l'essence du don originel qui suit celui de la vie, la survie, la poursuite, le début du grandissement de ces deux personnes issues de nous, qui nous lient et nous prolongent.

Et j'ai pu moi-même grandir aussi à travers lui, m'émanciper des rôles pré établis, trouver la mère que je souhaite être et qui finalement se trouve être très très différente de celles qui m'ont précédée.
J'y ai donc aussi trouvé mon unicité, ce qui me rend unique.
Une re-naissance en quelque sorte.
La boucle est bouclée, nous sommes la famille que nous avons voulue. Nos liens s'étoffent, au fil des jours de notre intimité à quatre. J'aime intensément cette partie de ma vie, remuante et transformatrice. Elle pulse, elle me porte, m'entraîne de découvertes en découvertes.
C'est le mouvement.
C'est intense et si fort.

Aujourd'hui le rivage où j'ai donné naissance s'éloigne, le petit bateau commence à naviguer loin de nous, le corps à corps s'estompe, Bartholomé grandit si vite !

C'est un arrêt forcé pour raisons médicales, et puisqu'il en est ainsi, je me laisse porter avec douceur après ma rébellion initiale. Ne pas lutter, vivre le moment présent, celui qui signe le passage pour moi, c'est la fin d'une aventure; les grossesses et les allaitements. Je réinvestis d'autres parties de moi que je ne savais pas gérer en même temps que ces moments là tant ils me prenaient de l'énergie.
Et c'est bon !
Comme de se retrouver après une longue absence.
Je savoure.
Doucement.
Ce soir j'ai mis des paillettes dans mon bain à bulles ! Je sors de cette période polie comme un galet. Mes aspérités s'estompent.
Je brille maintenant de mille feux.

Et puis à tous ces bébés aidés par le lactarium qui auront goûté à mon lait, au revoir aussi. Je pense souvent à vous, anonymes dont la vie est précieuse, et vous envoie ce soir mes voeux pour une très belle (et nourrissante ;) vie ici bas !

1 commentaire:

  1. C'est très beau Delphine.
    Profite et savoure ces instants, ces jours et ces années.
    La maternité ne s'arrête pas là, loin de là.
    Nous nous adaptons sans cesse sans s'en rendre compte, pour donner ce qu'il faut donner, et recevoir ce qu'il faut recevoir, au bon moment.
    Que c'est beau de vous voir tous les 4.

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